Sainte Nitouche (la fille ni bien ni mal)

Opéra de Poche
Nouveau CD

 

SNT_final

Luis Naón – musique
Yves Pagès – texte
Agnès Sourdillon – récitante
Sylvia Vadimova – mezzo-soprano
Diego Pittaluga – images et mise en espace vidéo

Ensemble Diagonal / Rut Schereiner – direction

Luisina Guiffrey – danseuse

Télécharger le Dossier Sainte Nitouche.pdf
Éditions Billaudot

Commande de Musique Nouvelle en Liberté


snt_28

Le Genre

Tantôt présenté comme un opéra de poche tantôt comme un monodrame accompagné de voix-off, il est difficile de classer cette Tmuvre dans un genre pré-existant.
La présente version de Sainte nitouche, par la présence scénique d’une vidéo suggestive et d’une danseuse qui ne l’est pas moins, nous raconte une histoire vocal par évocation et contraste.

Le livret

Le livret de Sainte-nitouche est le fruit d’un défi paradoxal : habiter la parole d’un personnage féminin d’ordinaire cloîtré en un mutisme absolu, la strip-teaseuse de peep-show. À cette diva irréelle, privée des cinq sens par une glace sans tain, il fallait
redonner le patchwork d’une parole, tandis que les sept instrumentistes et la mezzo-soprano travailleraient de l’intérieur les flux & reflux de sa conscience. programme iconoclaste, puisque de l’autre côté du miroir de la femme-objet, les lieux communs du spectacle érotique se brisent pour dévoiler d’abyssales ambivalences : dégoût et addiction, harcèlement et provocation.

Côté partition, c’est une semblable subversion des codes qui est à l’œuvre, celle du répertoire de cabaret (valse, tango et blues) passé au crible d’une tortueuse mélancolie et d’autres fureurs rythmiques. Sans oublier le parasitage du chant lyrique par les jingles de la pornographie marchande : petites annonces roses et réseau de rencontre sur bandes pré-enregistrées. D’où, au final, cette boîte vocale composite, complexe, mais jamais inaccessible aux oreilles peu savantes, qui orchestre les cordes sensibles et vents contraires d’un désir aux prises avec ses propres stéréotypes.

Yves Pagès


 

La partition

Ecrite pour clarinette, saxophone, alto, bandonéon, percussion, piano, contrebasse, et une chanteuse (mezzo-soprano) soliste, parfois appuyée par des organisations provenant de sons préenregistrés, exclusivement des voix : celle d’une narratrice, miss didascalie le double de notre héroïne, et les complaintes des enceintes.
La particularité de Sainte Nitouche, est de prêter la voix à une Star de peep-show, personnage muet, et totalement exposé par définition, dévoilé dans une intimité crue et cruelle par l’entremise de miss didascalie (la voix d’agnès Sourdillon).
Si cette métaphore des « arts de la scène » peut nous paraître choquante, c’est parce qu’elle incarne avec force et nudité ce qu’est pour moi la musique : une exposition sans ambages de l’être le plus intime.
Le piment de l’action se situe derrière les « glaces sans teint ». Le regard se tourne non seulement vers les complaintes intérieures de « Sainte Nitouche » mais aussi sur la représentation, lors de scènes de « peep-show » et les « petites annonces », lues ou imaginées entre deux strip-tease.

L’œuvre, qui fut créée en 2002 par L’ensemble tm+, a fait l’objet d’une mise en scène en août 2011 au Centre d’Expérimentation du Teatro Colón à Buenos Aires et d’un CD « Sainte nitouche et ses satellites » coproduit par l’ensemble diagonal et la Muse en Circuit, Centre National de Création Musicale.

Le texte parlé, préenregistré, et quasi radiophonique a une fonction formelle d’aiguiller et de scander l’écoute de moments vocaux de caractère parfois contrastant. L’imbrication et le contraste de ces deux niveaux qui sont autant sémantiques que théâtraux nous révèle, peu à peu, le personnage central de ce monodrame. Le terrain de l’action dramatique est la salle de concert dans sa totalité : entre le public et Sainte Nitouche, la chanteuse se crée le hiatus de la représentation dont ici la forme particulière est le regard de l’œil voyeur du spectateur, derrière la glace sans tain, dans un peep-show imaginaire.

L’organisation musicale suit une logique qui découle directement du texte. Celui-ci dans l’alternance quasi responsorielle de la voix parlée et des situations musicales, répond à un critère définit par l’auteur et le compositeur, à la manière d’un livret d’opéra.

miss_disascalie_03
miss_disascalie_05

L’action dans l’opéra est liée à l’histoire, ce fil rouge sur lequel se greffe le beau. Ici cette démarcation se concentre dans un personnage unique, et pourtant combien ambivalent, qui a pour habitude de s’exprimer plus par le corps que par la bouche. Ces différentes situations suscitent des moments de jeu à la lisière entre le théâtre et la musique avec, dans un premier temps, une forte concentration sur le sonore.

Les instrumentistes se répandent en soutenant Nitouche (mezzo) avec leurs références et leurs métaphores. A mi-chemin entre le cycle de chansons et le monologue chanté le déroulement de l’œuvre se présente sous l’angle de la succession
de scènes qui conservent une saveur dramatique d’opéra de poche.

Luis Naón


snt_15

 

Introduction et Complainte 1 (intérieur)
instrumentale et électronique – Elle place le contexte musical et la texture sur laquelle évoluera notre héroïne.

Puis :
Autour d’une voix , mobile et pouvant évoluer sur la scène
Quatre points fixes (chef – piano – percussion et bandonéon)
Quatre points mobiles (clarinette, saxophone; alto et contrebasse)
Quatre points absents ( les haut parleurs ).

Peep show 1 (extérieur)
sur un fond de blues
Un trio soufflant et l’alter ego de la voix (l’alto)
Sur fond des trois harmonie tempérées.

Petites annonces 1 (aparté – quasi récitatif puis a capella)
La voix de Nitouche récite (plainte du tango renouvelé, Polaco Goyeneche et Piazzolla : Ultima curda, sommet de musique populaire et musique de chambre) accompagnée par des échos lointains des enceintes mâles.
Nitouche ferme le bal a Capella.

Peep show 2(aria)
Percussion-Piano-orchestrés par les vents sur une litanie de corde solitaire bandonéon accompagnateur et voix chantante.
Ici le blues fait place au rythme et rapidement le madrigal pointe à mi-teinte.

Petites annonces 2 (où l’on découvre la nature philologique de Nitouche)
Nitouche se lâche, collectionne les annonces en langue étangère « Heilgymnast », « Signore maturo et pulito » « Maladoï mushina vatchkah »
Surimpression harmonique d’un quatuor non tempéré sur un trio bien tempéré.

Complainte 2 (triste-intérieur)
Vals – Tango – vocalité triste Seize ans de trop.
(Vibra saxophone piano) d’une part
(Saxophone bandonéon) célèbre Mulligan Piazzola.
    
Complainte 3 (expansive puis grave)
La parole est aux soufflants
La voix s’imprime sur le souffle du trio clarinette, saxe et bandonéon, entrecoupée et incitée par un rythme décomposé, qui déboîte. Le triste revient, et pour finir avec le monodrame sur un fond de Répondeur érotique : le mirage électroacoustique, l’espace se met à parler; Une communication transversale et téléphonique apparaît qui nous échappe à tous.

Sainte Nitouche II

Sainte Nitouche III

Sainte Nitouche V